Nickel Boys de Colson Whitehead, Albin Michel, 2020.-( Terres d'Amérique)

Nickel Boys

de Colson Whitehead

Albin Michel, 2020.-( Terres d'Amérique)

Même morts, les garçons étaient un problème.

Colson Whitehead (à écouter) brosse le portrait d’une Amérique violente à travers la maltraitance de mineurs dans une institution d’Etat en Floride dans les années 1960. Il décrit l’organisation de la Nickel Boys (lire un extrait) dans ses plus subtils rouages. De la direction corrompue de l’établissement aux sévices des surveillants, tout un système de terreur balise la vie de ces adolescents. L’auteur montre le désastre de l’idéologie ségrégationniste, insiste sur le sentiment d’impunité et la folie de ces adultes retors, héritiers d’un système raciste et capitaliste. Une révélation sur le détournement des fonds publics, l’exploitation des jeunes dans des travaux au profit de notables, l’organisation de combats de boxe avec paris et mises à mort punitives de jeunes noirs, qui confirme la conviction de Ne pas laisser l’innommable dans le silence, propos tenus par Toni Morrison (documentaire), autre grande figure de la littérature américaine qui a déterré le passé esclavagiste de l’Amérique dans son magnifique roman Beloved ( lire un extrait).

Dans la même veine, Colson Whitehead exhume les fantômes d’une Amérique qui ne cesse d’hanter par sa haine la mémoire de la communauté noire poursuivie par les persécutions d’un Ku Klux Klan encore bien vivant.

Un roman puissant qui permet d’honorer la mémoire du jeune Elwood Curtis, de Turner et de toutes les victimes d’injustice, de violence et de racisme.